Alors que le balbutiant Carnaval de Tilff s’installe doucement, en 1953, un groupe de jeunes enthousiastes décident de participer aux festivités carnavalesques sous l’appellation « Mic Mac ». C’est avec peu de moyens, mais beaucoup d’allégresse, que se lancent ces passionnés, guidé par Raymond Regnier, futur président fondateur du groupe. Ce dernier sera déguisé en Luis Mariano, son chanteur favori, alors que d’autres sympathisants suivront, vêtus de tout type de costume de fortune ou de circonstance.
Ravis par cette expérience, ces visionnaires décident de former, en 1954, un groupe avec un thème plus précis et davantage de cohérence. Les discussions vont bon train concernant cette organisation : une première idée envisageait la possibilité de se déguiser en groseilles, en hommage à la fête « Li Fiesse às Gruzales » qui se déroulait dans le hameau de Cortil. Cependant, la difficulté que représente la conception d’un tel costume décourage les plus téméraires. Dans la même lignée, les futurs membres proposèrent un costume de chat, idée qui fût également rapidement abandonnée.
C’est alors que Jenny Sluse et Raymond Regnier suggérèrent un costume lié à la fameuse légende du village : celui des diables. Ce déguisement évoluera au fil des années pour devenir le costume que nous connaissons à l’heure actuelle. En effet, la légende du groupe glorifie le combat qu’ont mené Bièt’mé et ses compagnons contre le dragon qui terrorisait le village. On raconte en effet qu’il fallait être un beau diable pour tenter pareille entreprise… Ainsi, la figuration habituelle du diable n’est pas celle que l’on imagine : il ne s’agit ni de l’évocation de l’enfer, ni la représentation d’un mauvais esprit, mais plutôt l’image d’un coquin astucieux qui emporte la victoire grâce à sa ruse et son courage.
En parade, les « Djoyeus Djâles » exécutent une danse caractérisée par sa cadence vive et allègre qui symbolise la joie des Cortisiens lors de la délivrance de leur bourgade de l’emprise du dragon. Cette danse a été composée par Madame Fanny Thibaut.
Très dynamique, ce groupe s’offrira sa première sortie à l’occasion de son premier anniversaire, au Carnaval d’Aywaille. Ils firent forte impression, et à partir de ce moment, les membres du groupe décident de réitérer régulièrement l’expérience en se rendant fréquemment au carnaval de la capitale de l’Amblève.
Dès 1957, un géant apparaît : il s’agît du diable « Bièt’mé Li Spitant », mesurant plus de 4 mètres de haut, avec une ossature tout en osier. Ce dernier accompagnera dès lors le groupe à de nombreux cortèges. Par sa grandeur, il symbolise le courage de Bièt’mé qui, selon la légende, a vaincu le monstre qui tyrannisait les habitants de Cortil. Le diable géant est vêtu, à l’instar des membres du groupe, d’une robe noire avec ceinture rouge bordée d’un ruban doré garni de grelots, d’une grande cape rouge et d’une cagoule noire surmontée de deux cornes rouges. Il fût baptisé en 1957 en présence de sa marraine, Jenny Sluse, et de son parrain, André Makinay. Avec les années, l’osier s’abîme et le corps est alors refait en aluminium – seuls les bras resteront en osier.
La même année, les « Djâles » commencent à être accompagnés par des musiciens. En effet, durant les premières années, la musique était diffusée grâce à un haut-parleur monté sur une voiture. Aujourd’hui, les musiciens, les « Mephistos », accompagnent le groupe durant ses sorties, non seulement au Carnaval de Tilff mais également lors de leurs voyages dans d’autres régions de Belgique, en Allemagne, en France et aux Pays-Bas.
En 1964, pour fêter le dixième anniversaire du groupe, apparaît le Grand Ordre du Dragon, qui récompense les membres et les sympathisants les plus actifs, ainsi que les personnalités ayant soutenu le groupe pendant plusieurs années.
Trois années plus tard, les « Djâles » donnent leur nom à une place publique située à Cortil, sur les hauteurs de Tilff, la « Place des Djâles ». Dans ce contexte, une plaque est apposée sur la façade d’une maison de la place, et une grande fête est organisée en cet honneur. Actuellement, cette plaque est en pleine restauration.
D’autre part, assez rapidement, les jeunes filles du groupe désirent apparaître sous un jour plus féminin. C’est ainsi que, par acte de naissance dressé lors d’une cérémonie à l’administration communale de Tilff, datée du 9 mai 1969, les « Djâles » sont désormais accompagnés par de séduisantes diablesses. Celles-ci sont parrainées par Madame Louise Dessart et Monsieur Raymond Dambly. Depuis cette époque, Diables et Diablesses n’ont de cesse de faire des apparitions conjointes.
Le 15 août 1973 fut inauguré le local du groupe, toujours situé dans le hameau de Cortil. Il a pour marraine Madame Josette Delrée et pour parrain Monsieur Laurent Gheur. Ce local avait été mis gracieusement à la disposition du groupe par Monsieur et Madame Gheur.
Par ailleurs, il existait sur Cortil un étang en forme de cœur, situé le long de la grande cathédrale (chemin des bois de Cortil), qui symbolisait la légende illustrée par les « Djâles ». Cet étang a disparu lors des travaux nécessaires à la construction de l’autoroute des Ardennes. A son emplacement, le groupe a dressé, le 15 août 1977, une pierre commémorative. Cet étang, nous dit la légende, était le gîte favori du sinistre dragon.
Un peu plus tard, en 1990, aura lieu l’inauguration d’une statue représentant un « Djâle » sur la place du même nom. Cette statue fût momentanément enlevée pour restauration, et a retrouvé sa place en 2012.
En 2004, année de leur cinquantième anniversaire, les « Djâles » reçoivent le titre de « Société Royale ». Dans ce contexte, de nombreux événements sont également organisés afin de fêter cette année jubilaire : soirées dansantes, spectacles, etc. Une exposition est ainsi organisée, en août 2004, dans les caves du Château Brunsode, présentant divers témoignages de leur épopée diabolique. Profitant de l’occasion, le groupe présente au Carnaval de Tilff un deuxième géant, Toine, le jumeau de Bièt’mé. Ce dernier fera son apparition tous les cinq ans durant le cortège, lorsque les « Djâles » présentent un nouveau prince. Les jumeaux sont également présents côte à côte lors du Rassemblement de Géants, qui a lieu chaque année à Tilff.
Un an plus tard, c’est au tour de Mic et Mac de faire leur apparition : ces deux nouveaux géants représentent le loup de la légende de Cortil. Ils sont plus petits que Bièt’mé, mais présentent ainsi l’avantage d’être plus légers et flexibles, ce qui leur permet d’être transportés dans la foule, pour le plaisir de chacun.
Les « Djâles » continuent sur leur lancée en entreprenant les démarches nécessaires afin de nommer un des sentiers du village en l’honneur du héros de Cortil, Bièt’mé. Ainsi, en 2007, leur souhait est exaucé : le Sentier de Bièt’mé est inauguré.
En août 2008, les géants Bièt’mé, Mic et Mac, ainsi qu’une délégation de « Djâles », iront jusqu’au Canada. En effet, le groupe a été invité à Québec afin de célébrer le 400e anniversaire de la ville. Ce magnifique voyage permettra à Bièt’mé de rencontrer d’autres géants du Canada et de nombreux autres pays d’Europe.
Le 18 novembre 2017, le groupe offrira à Manneken Pis, le célèbre petit garçon de Bruxelles, un costume des « Djoyeus Djâles Di So Corti », à l’occasion de leur 60e anniversaire.
Enfin, nous ne pouvons parler de l’histoire des « Djâles » sans mentionner un fait rare et remarquable : en 1952, une jeune enthousiaste participe au Carnaval de Tilff. Elle fait partie des membres fondateurs des « Djâles » ; il s’agit de Georgette Regnier. Après le décès de son mari, cette dernière reprend la tête du groupe, et ce jusqu’à l’heure actuelle. Elle est toujours donc bien présente en 2019, et, par tous les temps, nous pouvons l’apercevoir dans les gradins durant le cortège du Laetare. Elle a aujourd’hui 90 ans.
Notons également que toutes les années, une équipe des « Djâles » prépare des chars pour le cortège tilffois. On peut aussi retrouver, sur le parcours du Carnaval, le fameux dragon cracheur de confetti et un ou deux autres chars, décorés avec patience dans des conditions parfois précaires. Ils rendent souvent hommage soit au groupe présentant un prince, soit à un événement de la vie du groupe.
2021, une belle année en perspective avec notre nouveau local, inauguration prévue le 28 août… Youpie
PUIS… ARRIVA JUILLET 2021
Et tout fut à recommencer…
Après des mois de nettoyage, séchage, réparation, et autres joyeuseries….
L’inauguration put enfin avoir lieu, le 21 mai 2022…en présences de diverses délégations locales